Le Ciel réfléchi |
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On entre au « Parc Beihaï » par un lac dérobé, bordé de reflets de montagnes. Le hasard s’est chargé du collage, l’eau a dissous les contours, les arbres étaient plantés là : un, puis deux, et l’œil de Patricia Farazzi a prélevé ce carré de Chine pour introduire son Entomologie. C’est la première image. Tout, ensuite, est affaire de réflexion. Réflexions humides et sèches, à l’image des âmes d’Héraclite, dont elle a décrit ailleurs le voyage. Comme l’entomologiste, l’archéologue, ou les enfants ramasseurs de coquillages, le chasseur de réflexions marche en regardant par terre. Ça préserve de la chute et ça ouvre des horizons insoupçonnés. On voit la Terre depuis une hauteur de femme, ce qui est bien suffisant pour y saisir les pierres de rêves à fleur d’étang, les visages cachés dans les intermittences d’un lac, ou les architectures imaginaires dérivant dans les ports. On voit aussi le ciel réfléchi, quand il pénètre par les interstices du toit de la National Gallery, dessinant l’œuvre unique, «jamais recommencée», qui échappe à la surveillance des gardiens et que l’on peut enfin photographier. Quintessence de la photographie, dont le sujet s’efface à peine est-il saisi. Et le modèle, ici, n’a pas le temps de prendre la pose. Changeant, il repose. C’est à se demander à quel infini infiniment grand, infiniment petit appartiennent les territoires que ces photos révèlent? Dessinent-ils la géographie de continents inattendus, ou montrent-ils les instantanés de pollens déposés sur la plaque de verre d’un microscope? Lointain éphémère ou éternité proche? Ce qui nous apparaît, surtout, c’est l’œil qui les a vus, dans le dix millième de seconde de leur vie brève. L’œil qui les a inventés. Cet œil qui est donné à voir ici, et qui est au cœur du regard inédit de Patricia Farazzi. |
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