Collages 1983-1985

 Les cartes postales dites « de collection », donnent envie d’être découpées et éparpillées dans nos propres rêves. C’est qu’elles témoignent d’un monde auquel les couleurs passées donnent un charme particulier. Et l’on pourrait se laisser emporter dans ces paysages présentés comme « intacts », « authentiques », « d’une beauté à couper le souffle », tous ces qualificatifs repris et massacrés par les promoteurs touristiques et les agents immobiliers. Mais elles témoignent aussi d’un monde où les scènes africaines étaient coloniales, où les personnages des photos étaient des « indigènes » et où les ponts de la Seine étaient l’abri des clochards.

Les collages des années 80, je les réalisais avec des ciseaux et de la colle. Les ciseaux n’étaient jamais assez fins et la colle débordait sur les bords. Alors, regardez-les comme ça : comme les témoins d’une époque sans ordinateurs ni logiciels, où l’imprécision et le rêve étaient nos seuls outils.

Mon souci et celui de celles et ceux de ma fichue génération, avant le cataclysme spectaculaire qui en a dézingué beaucoup et hissé pas mal au sommet du box-office, c’était l’effacement des frontières, des genres, des classes, des races… Ce que la suite a apporté de re-catégorisations et de récupérations, nous ne pouvions le prévoir puisque notre tâche principale était de vivre l’instant.

Regardez ces collages comme des traces d’un moment de mélanges et d’offrandes aux esprits disparus de la rencontre et du partage…

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